Aller au contenu

Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gouvernante, c’était pour ne pas être privée de ces furtives et attachantes lectures.

M’en faire connaître le néant ou le danger eût été le premier mouvement de Frumence ; mais, ne sachant encore s’il réussirait à me délivrer de miss Agar, il s’avisa d’un meilleur moyen.

— Je ne connais pas ces livres, me dit-il ; par conséquent, je suis presque certain qu’ils ne renferment rien d’utile et d’instructif pour votre âge. Puisque vous aimez la lecture, ne pourriez-vous lire de bons ouvrages qui seraient amusants ? Voulez-vous que je vous en procure ?

— Oui ; mais, si cela n’entre pas dans le plan d’éducation abrutissante d’Agar, elle me les ôtera. Elle tient à ses idées, quand par hasard il lui arrive d’en avoir.

— Eh bien, puisque vous lisez en cachette d’elle ses propres livres, pourquoi ne liriez-vous pas de même ceux que je vous propose ?

L’idée était lumineuse, et je l’acceptai d’emblée.

— À dimanche donc, me dit Frumence. J’irai à Toulon dans la semaine, j’y chercherai des éditions portatives et vous les emporterez. Jenny sera dans votre confidence, et vous savez bien qu’elle ne vous trahira pas. — À présent, ajouta-t-il, parlons de M. Marius. Vous a-t-il fait quelque chagrin auquel on puisse essayer de porter remède ?