Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/209

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l’exercice d’un culte quelconque. Eh bien, je vous réponds : c’est selon. Il y a un doute absolu qui confère à la conscience d’un homme le droit de participer à tout acte officiel de la loi civile et religieuse de son temps et de son pays, sans la mépriser et sans l’outrager en aucune sorte. Les études et les réflexions d’un homme sérieux peuvent, il est vrai, l’amener à cette conclusion, que toute religion est un mensonge et tout culte une hypocrisie : en ce cas, il ne doit jamais entrer dans aucun temple pour y faire acte de soumission à l’usage ; mais un autre homme également sérieux peut avoir tiré de ses réflexions et de ses études une persuasion contraire. Il peut s’être dit que l’idéalisme était un besoin naturel à l’esprit humain, et que tout ce qui élevait en lui la notion du bien et du beau devait être respecté, à la condition de ne pas s’imposer par la force ou la ruse. Eh bien, en me voyant aider mon oncle à remplir une fonction qu’il juge bonne, vous eussiez dû vous dire que j’étais l’homme qui tolère tout et ne répudie rien. Homo sum… Et puisque vous avez appris un peu de latin, vous savez le reste.

— Vous voulez alors que je vous accepte ainsi, vous à qui je demande l’instruction ?

— Je veux que vous me teniez pour un honnête homme et une conscience droite, sauf à ne plus