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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/239

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jamais avec un homme qui se respecte. Ensuite, Frumence, outre qu’il est cet homme-là, a une inclination sérieuse, nullement romanesque, mais très-ancienne déjà, pour une personne de ta connaissance… Pourquoi rougis-tu ? Tu crois que c’est un secret que je trahis ? Non. J’ai été initié à ce secret il y a déjà longtemps, et, comme je vois bien que tu le sais, je vais te dire comment je le sais moi-même. — Tu te rappelles qu’il y a quatre ans, quand j’ai pris sur moi de quitter la maison, j’avais des préventions contre Jennie et contre Frumence. J’avais tort. Ils m’ont prouvé leur attachement et leur délicatesse. On m’avait fait de mauvais propos que je t’ai peut-être répétés : autre tort ; mais j’étais encore enfant, et il est bon d’oublier tout cela. Seulement, je n’oublierai jamais que ta grand’mère m’a fait un rude sermon en me révélant la situation. Elle s’imaginait apparemment que je courtisais Jennie, car elle a cru devoir me rappeler que j’étais gentilhomme, et que je ne pouvais et ne voulais sans doute pas épouser une femme du peuple, quelque respectable qu’elle fût par elle-même. Elle a ajouté : « D’ailleurs, Jennie ne serait pas libre de vous écouter. Elle est fiancée au bon et sage Frumence. C’est moi qui ai voulu leur mariage et qui ai porté la parole pour lui. Jennie n’a pas pu s’engager tout de suite pour des