Aller au contenu

Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Je crois, lui dis-je, que ma grand’mère désire mon mariage.

— Alors, écoutez votre grand’mère et Jennie, qui seront toujours d’accord pour votre bonheur.

— Mon bonheur, Frumence ! Pourquoi vous servez-vous d’expressions banales, vous qui voyez les choses de si haut ? Est-ce qu’il faut envisager le mariage comme une promesse de bonheur ? Ne vaudrait-il pas mieux l’accepter comme un devoir pur et simple, comme un hommage rendu à la société et à la famille, sans se demander si on s’en trouvera mal ou bien ?

— Si vous êtes de cette force-là, mon cher philosophe, dit Frumence en souriant, c’est une très-belle armure contre les chances toujours mystérieuses de l’avenir ; mais permettez-moi d’espérer que toute cette noble sagesse dont vous faites provision sera rémunérée par le sort.

— Pourquoi me présenter des illusions dont je ne veux plus, mon cher Frumence ? J’en ai eu, vous le savez, j’ai été romanesque.

— Oui, dit Frumence en riant, il y a tantôt un siècle,… c’est-à-dire un an ou deux !

— Si j’ai cru que le mariage pouvait être une joie dans la vie, c’est un peu votre faute, mon ami.