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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/248

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— Tu me fais peur, lui dis-je : je crois que tu es toujours malheureuse !

— Ici ? avec vous ? reprit-elle en souriant. Non, c’est impossible. Si j’ai eu du malheur en ce monde, ce n’a jamais été par ma faute ; je suis donc tranquille, comme vous voyez.

— Tu parles comme Frumence, mais plus tranquillement encore. Il dit bien que la bonne conscience dédommage de tout ; mais, en disant cela, ses yeux brillent, et on voit qu’il t’aime par-dessus tout.

— Vous avez donc parlé de moi avec Frumence ? Ah ! petite tête ! vous osez tout !

— Tu m’en fais un crime ?

— Non, vous êtes comme cela parce que vous êtes bonne et aussi parce que vous vous faites peut-être des idées sur nous deux ; voilà ce que je n’aurais pas voulu ; vous allez croire qu’on pense à soi, quand on ne pense qu’à vous.

— Et pourquoi donc ne penserais-tu pas à toi-même ?

— Ma chère petite, dit Jennie d’un ton grave et assuré, je n’ai jamais souhaité de me remarier. Votre grand’mère, bonne comme un ange, s’est mis dans l’esprit qu’il me fallait une autre amitié que la sienne et la vôtre. Frumence l’a cru aussi parce que votre grand’mère le disait. À présent