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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/251

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XXXIII


C’est alors que, tout en causant de Frumence, de Jennie et même de l’imbécile Galathée, à nos moments perdus, nous en vînmes insensiblement, Marius et moi, à parler de nous-mêmes. Il s’était fait en moi je ne sais quel dépit sans nom contre la destinée, et Marius surprit en mon cœur je ne sais quel fonds de tristesse et de découragement. Il ne l’exploita pas de parti pris, mais il s’en servit comme il savait se servir de tout ce qui lui tombait sous la main.

— Tu es bien enfant, me dit-il, de te préoccuper de l’avenir ! Le tien est des plus simples, tu n’as rien à faire que de l’accepter. Tu es bien née, bien élevée, et que ton père ait ou non une grande fortune et d’autres enfants, ta grand’mère s’est arrangée, je le sais, pour te constituer son unique héritière. Cela te fait quelque chose comme douze mille livres de rente, mille francs par mois ; en province, c’est très-joli !

— Mais je ne m’occupe pas de l’argent, Marius, je n’y ai jamais songé.