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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/26

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ramassai des coquillages qui me charmèrent plus que tous mes joujoux. Je les emportai précieusement. Il me semblait retrouver quelque chose à moi que j’avais longtemps perdu. La vue des barques de pêcheurs ranima aussi je ne sais quelles visions du passé. Il fallut que Denise, qui, du reste, faisait toutes mes volontés, consentît à monter avec moi sur une chaloupe qui faisait la pêche. Les filets, les poissons, le mouvement de l’embarcation, m’enivraient. Loin de me montrer timide et fière comme je l’étais encore avec les personnes nouvelles, je jouais et je riais avec les gens de mer comme avec d’anciennes connaissances. Quand il fallut les quitter, je pleurai sottement. Denise, en me ramenant à ma grand’mère, lui dit qu’elle était bien sûre que j’avais été élevée avec des pêcheurs, car j’avais l’air de connaître l’eau salée comme une petite mouette.

C’est alors que ma grand’mère, qui avait promis de ne pas rechercher l’auteur de mon enlèvement, mais non de ne point tâcher de connaître ma vie passée, — hélas ! j’avais déjà une vie passée ! — m’adressa toute sorte de questions auxquelles je ne sus que répondre. Je ne savais déjà plus rien de moi-même ; mais, comme elle y revenait souvent, surtout quand Denise, à qui elle avait défendu de me questionner, n’était pas avec nous,