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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/265

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il m’avait toujours dit : « Le bonheur, c’est l’absence de soucis ; c’est un état négatif. »

J’écoutai une dernière fois ses théories inébranlables, j’enviai la placide indifférence, et je lui demandai avec une hardiesse triste s’il ne pensait pas qu’à nous deux nous pourrions un jour réaliser son rêve. Sa surprise parut extrême.

— Ah çà, répondit-il en riant d’un rire nerveux, j’espère que tu ne vas pas me dire que tu es éprise de moi ?

— Sois tranquille, je ne le suis pas. Je te connais et je me connais assez moi-même à présent pour voir qu’on peut parler du mariage comme de toute autre chose raisonnable. As-tu quelquefois songé que nous pouvions nous marier, si bon nous semblait ?

— Ce ne serait pas si aisé que tu le penses. Je suis ton égal pour la naissance, et le mariage me ferait ton égal pour la fortune ; mais ta grand’mère, qui n’a plus d’initiative et qui a peut-être encore un peu d’ambition pour toi, aurait besoin de ton initiative, à toi, pour se décider.

— Cela revient à dire que tout dépend de moi.

— Et de moi, s’il te plaît !

— Sans doute, et voilà ce que je le demande. Serais-tu content d’être mon mari ?

— Attends que j’y pense.