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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/302

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vait mise en possession de tous ses biens. Si personne ne réclamait, j’étais bien son héritière.

L’opposition se fit attendre au delà du temps nécessaire pour que la nouvelle du décès de ma bonne maman parvînt à la veuve et aux enfants de son fils. M. Barthez revint me voir et il se réjouissait de ce silence ; il espérait que ma famille d’outre-mer serait aussi indifférente pour moi que mon père l’avait toujours été.

Marius me rendit une visite cérémonieuse avec ses anciens patrons, MM. de Malaval et Fourvières. Il n’y fut pas dit ouvertement un mot de notre mariage, bien que le cousin Malaval, qui protégeait beaucoup Marius, fit son possible pour renouer nos projets. J’évitai de répondre à ses insinuations. Je regardais ma situation comme entièrement provisoire, et il me plaisait assez de la considérer ainsi quand je venais à penser que, ma fortune assurée, je n’aurais aucun prétexte pour ne pas appartenir à Marius. J’étais trop loyale pour en faire naître un autre ; mais il est certain que le positivisme de mon fiancé m’effrayait sérieusement, et que je me reprochais comme une folie la confiance que je m’étais laissé inspirer.

De son côté, il m’aidait à ajourner nos projets. Ce jour-là, Malaval voyait tout en beau dans ma destinée, et, par contre, l’ami Fourvières voyait