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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/45

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que je savais marcher seule, et, pour le lui prouver, je me mis à courir en avant comme un cabri.

Comme je me retournais de temps en temps pour voir s’il me suivait, je rencontrai chaque fois son regard attaché sur moi avec l’expression d’une admiration naïve, et j’entendis qu’il disait au domestique :

— Quel enfant ! je n’ai jamais rien vu de si joli et de si aimable.

Pauvre Frumence ! il était pour moi quelque chose de laid et de répugnant, j’avais peine à le lui dissimuler, et je lui paraissais l’être le plus aimable de la terre !

Je ne sais si la générosité de son cœur me fit rougir, ou si je fus flattée de l’admiration que je lui inspirais : je commençai à croire qu’il n’était pas une bête, et peut-être bien posai-je devant lui instinctivement la légèreté de la course et la grâce des attitudes. Je pourrais l’avouer sans honte. J’ai reconnu, depuis, que tous les enfants sont facilement poseurs, et qu’ils s’enivrent de compliments comme les sauvages.