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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/63

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trouva fort sotte ; car, à peine eut-il mis le pied sur une barque, il eut le vertige et se coucha de son long, disant qu’il se sentait mourir.

Ma bonne maman n’avait donc pas à craindre la turbulence et les témérités d’un petit démon. Elle ne s’en plaignit pas. Marius était, en fin de compte, un honnête enfant, d’une candeur sans tache et d’un excellent caractère ; s’il n’avait aucune qualité saillante, en revanche il n’avait aucun défaut inquiétant, aucun vice redoutable. Elle pouvait bien le garder près d’elle, nous confier l’un à l’autre et dormir sur les deux oreilles ; mais quelle éducation donner à ce garçon, lorsqu’elle se trouvait insuffisante à celle d’une fille ? Elle consulta l’abbé Costel et Frumence, avec lesquels elle se liait de plus en plus.

— Il faudrait avant tout, répondit le curé, savoir où en est le jeune homme, et, si vous le désirez, Frumence le soumettra à un petit examen préalable.

— Soit, dit ma grand’mère. Je crains d’être trop ignorante pour l’interroger. Que M. Frumence s’en charge, il me rendra grand service.

Marius de Valangis s’était toujours montré affable et poli avec tous les inférieurs ; mais, quand il vit ce pauvre hère de Frumence érigé en juge de son mérite, il éprouva un accès de dédain qui frisa