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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/78

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XII


Ce qui contribuait beaucoup à éclairer l’esprit de ma chère bonne maman, c’étaient les leçons que nous donnait Frumence, et auxquelles elle assistait souvent. Sa vue s’affaiblissait de jour en jour ; elle ne pouvait presque plus se servir de son aiguille, et même, pour tricoter, elle avait besoin que je fusse auprès d’elle pour relever les mailles qu’elle échappait. Elle n’écouta pourtant guère les leçons dans les commencements ; elle s’était imaginé qu’elle n’y comprendrait goutte.

— J’ai toujours vécu ignorante, disait-elle, et, pour ce qui me reste de temps à vivre, ce n’est pas la peine de changer.

Mais l’enseignement de Frumence était si clair et si intéressant, qu’elle y prit goût, et il lui arriva cette chose extraordinaire d’acquérir à soixante-quinze ans des notions plus étendues que celles de sa jeunesse. Comme une lampe qui jette un plus vif éclat au moment de s’éteindre, l’intelligence de ma grand’mère s’éclaira au déclin de sa vie. Sa piété se purifia de tout alliage superstitieux, et