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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/87

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tout. Vous êtes si imprudent, si sot et si impie ! Vous ne croyez à rien, et vous êtes un révolutionnaire. Vous pensez qu’on vous la donnera, cette belle demoiselle riche et noble, à vous, un enfant trouvé, un malheureux comme moi, un domestique un peu plus gâté, voilà tout !… Mais, quand vous montrerez ces belles idées-là, on vous mettra à la porte, et elle qui aime son cousin et qui fait la coquette avec vous pour s’amuser, elle vous méprisera, comptez là-dessus, elle vous crachera sur le corps !

En parlant ainsi, elle se mit à sangloter et à crier. Marius s’éveilla, et je dus secouer mon faux sommeil pour aller au secours de Frumence, qui s’efforçait de faire taire Denise et de la relever, car elle était en proie à je ne sais quelle crise de convulsions. Je voulus m’approcher d’elle ; elle me regarda d’un œil hagard, et, saisissant une pierre, elle me l’aurait lancée, si Frumence ne la lui eût arrachée des mains.

— Ce n’est rien, ce n’est rien ! me cria-t-il en voyant mon épouvante. C’est une attaque de nerfs, un coup de soleil, ce ne sera rien. Descendez le sentier tout doucement, mes enfants ; dans un instant, elle pourra vous rejoindre. Je l’aiderai, n’ayez pas peur.

— Je resterai, répondis-je, je n’ai pas peur. Ma-