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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/98

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alentours, au moulin, dans les prés ; elle revenait à la cuisine et reparaissait chez nous après avoir fait causer tout le monde, n’importe sur quoi. Elle savait donc mieux que nous ce qui se passait chez nous. Elle connaissait les affaires de nos métayers, les antécédents et les relations actuelles de nos domestiques. Marius, qui devenait assez satirique, la comparait à « un musée où l’on aurait enfoui les statues et les tableaux sous une montagne de débris ramassés à la borne, de peignes cassés, de trognons de pommes, de goulots de bouteilles et de vieilles savates. »

— Voilà, disait-il, tout ce que l’on pourrait retirer de la cervelle de milady Capford, si on surmontait le dégoût d’y fouiller.

Je n’ai presque rien dit du docteur Reppe, et c’était pourtant le plus assidu de nos commensaux durant la saison de sa villégiature dans le voisinage du moulin Capeforte. C’était un très-bon homme, ventru et vermeil, presque aussi mal vêtu à la campagne que l’abbé Costel, assez riche pourtant, disait-on. Il pouvait avoir cinquante-cinq ans, et n’était pas mauvais médecin, en ce sens qu’il ne croyait pas à la médecine, et que, se dispensant de toute étude inutile, il n’ordonnait presque jamais rien à ses malades. Il n’avait aucune méchanceté réfléchie et aucune affection bien marquée, à