Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/112

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les bords du silo où j’étais enseveli. On parut se réjouir de me voir manger et boire ; mais, dès que j’eus repris des forces, j’entrai en fureur et je remplis la terre et le ciel des éclats retentissants de ma voix. Alors, on s’éloigna, me laissant démolir la berge verticale de ma prison, et je me crus en liberté ; mais j’étais dans un parc formé de tiges de bambous monstrueux, reliés les uns aux autres par des lianes si bien serrées que je ne pus en ébranler un seul. Je passai encore plusieurs jours à essayer obstinément ce vain travail, auquel résistait le perfide et savant travail de l’homme. On m’apportait mes aliments et on me parlait avec douceur. Je n’écoutais rien, je voulais fondre sur mes adversaires, je frappais de mon front avec un bruit affreux les murailles de ma prison sans pouvoir les ébranler ; mais, quand j’étais seul, je mangeais. La loi impérieuse de la vie l’emportait sur mon désespoir, et, le sommeil domptant mes forces, je dormais sur les herbes fraîches dont on avait jonché ma cage.

» Enfin, un jour, un petit homme noir, vêtu seulement