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Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/153

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encore, et qui, chez lui, étaient parfaitement naïves, par conséquent redoutables.


Il n’était pas sans talent, bien que ce talent fût très au-dessous de l’importance qu’il lui attribuait. Il était bon musicien, avait des leçons en ville et m’en donnait à moi-même à ses moments perdus, car j’étais plutôt son domestique que son élève et je faisais mugir les soufflets de l’orgue plus souvent que je n’en essayais les touches.


Ce délaissement ne m’empêchait pas d’aimer la musique et d’en rêver sans cesse ; à tous autres égards, j’étais un véritable idiot, comme vous allez voir.


Nous allions quelquefois à la campagne, soit pour rendre visite à des amis du maître, soit pour réparer les épinettes et clavecins de sa clientèle ; car, en ce temps-là, – je vous parle du commencement du siècle, – il y avait fort peu de pianos dans nos provinces, et le professeur organiste ne dédaignait pas les petits profits du luthier et de l’accordeur.


Un jour, maître Jean me dit :