Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/158

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Aujourd’hui, de belles routes sillonnent ces sites sauvages, en partie cultivés déjà ; mais, à l’époque où je les vis pour la première fois, les voies étroites, inclinées ou relevées dans tous les sens, allant au plus court n’importe au prix de quels efforts, n’étaient point faciles à suivre. Elles n’étaient empierrées que par les écroulements fortuits des montagnes, et, quand elles traversaient ces plaines disposées en terrasses, il arrivait que l’herbe recouvrait fréquemment les traces des petites roues de chariot et des pieds non ferrés des chevaux qui les traînaient.


Quand nous eûmes descendu jusqu’aux rives déchirées d’un torrent d’hiver, à sec pendant l’été, nous remontâmes rapidement, et, en tournant le massif exposé au nord, nous nous retrouvâmes vers le midi dans un air pur et brillant. Le soleil sur son déclin enveloppait le paysage d’une splendeur extraordinaire et ce paysage était une des plus belles choses que j’ai vues de ma vie. Le chemin tournant, tout bordé d’un buisson épais d’épilobes roses, dominait un plan ravivé au flanc duquel surgissaient deux puissantes