Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/65

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misère est un méchant mal. Si je n’étais pas née dans ce mal, je n’aurais pas fait ce que j’ai fait.

— Si vous vous en repentez, lui dit le père Vincent, Dieu vous le pardonnera.

— Je m’en repens, répondit-elle, depuis que je suis paralytique, parce que je meurs dans l’ennui et la solitude. Mes voisins me déplaisent autant que je leur déplais. Je pense à cette heure que j’aurais mieux fait de vivre autrement.

Emmi lui promit de revenir la voir et suivit le père Vincent dans son nouveau travail. Il regretta bien un peu sa forêt de Cernas, mais il avait l’idée du devoir et fit le sien fidèlement. Au bout de huit jours, il retourna vers la Catiche. Il arriva comme on emportait sa bière sur une petite charrette traînée par un âne. Emmi la suivit jusqu’à la paroisse, qui était distante d’un quart de lieue, et assista à son enterrement. Au retour, il vit que tout chez elle était au pillage et qu’on se battait à qui aurait ses nippes. Il ne se repentit plus d’avoir soustrait à ces mauvaises gens le trésor de la vieille.