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Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/110

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environs, tandis que Diane, qui venait de retrouver avec joie le brave postillon Romanèche, prenait avec sa nourrice le chemin de Pictordu, dans une carriole de louage. On avait fait à ce terrible chemin quelques réparations nécessaires, et nos voyageuses arrivèrent sans accident, dans l’après-dînée, au bas de la terrasse du château.

Ce n’était plus là l’entrée. Le pavillon réparé, qui n’était autre que l’ancien bain de Diane, avait son entrée plus bas. Mais Diane voulait revoir seule cette statue qui lui avait parlé. Elle tremblait de ne plus la retrouver. Elle envoya donc Romanèche et Geoffrette en avant, et, franchissant une petite barrière récemment posée, elle gravit légèrement les marches inégales et brisées du grand escalier.

Il était environ quatre heures de l’après-midi, le soleil commençait à éclairer obliquement les objets. Diane, avant de découvrir sa chère statue à travers les buissons qui la lui masquaient, vit son ombre se projeter sur le sable de la terrasse, et son cœur battit de joie. Elle y courut et la contempla avec surprise. Dans son souvenir, elle était gigantesque, et, en réalité, elle était à peine grande comme nature. Était-elle belle et monumentale comme Diane l’avait gardée dans sa pensée ? Non, elle était un peu maniérée, et les plis de son vêtement étaient trop fouillés et trop cassants ; mais elle avait de l’élégance et de la grâce quand même, et Diane qui eût été désolée d’avoir à la dédaigner, lui envoya un baiser naïvement attendri que la statue ne lui rendit pourtant pas.