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Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/154

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chambre, comme ce qu’il y a de plus rare et de plus précieux dans vos richesses de famille. Cette cassette t’appartient, puisque ta grand’mère compte te donner tout ce qu’elle possède. Va me la chercher et apporte-la ici !

— Non, madame, répondit Marguerite, je ne veux point dérober ce qui appartient à présent à ma bonne-maman, et à moins qu’elle n’y consente…

— Il ne s’agit pas de dérober, reprit Ranaïde ; je ne tiens pas à reprendre mes bijoux. Je veux seulement m’en parer un instant, et dès que je serai transformée, je n’en aurai que faire ; je te les rendrai, car tu en as grand besoin pour toi-même. Sache une chose qui doit te décider, c’est que ces joyaux magiques ont le pouvoir de donner la beauté aux plus laides, et que, quand tu les auras portés seulement une heure, au lieu de ressembler à la grenouille que je suis, tu seras semblable à ce que j’étais, à ce que je vais redevenir, c’est-à-dire à la plus belle des femmes.

Marguerite se sentit persuadée, et elle courut chercher la cassette. Au moment où elle la prit dans la crédence de sa grand’mère, il lui sembla que celle-ci s’éveillait et la regardait. Elle alla se mettre à genoux près de son lit, prête à lui tout avouer ; mais madame Yolande se retourna vers la ruelle sans paraître l’avoir vue. Le temps pressait ; le ciel s’éclaircissait un peu comme si le jour allait paraître. Marguerite s’élança dehors et se retrouva à l’instant même auprès du bassin où la reine Coax l’attendait. — Ah ! mon Dieu ! s’écria-t-elle en lui