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Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/205

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— Qu’est-ce donc que vous dites, ma tante ? Votre nuage était habillé, il avait un plumet ?

— C’est une manière de parler, mon enfant ; c’était un nuage brillant, très-brillant, mais ce n’était rien de plus. C’était l’inconstance, c’était le rêve. Il apportait l’orage, lui aussi, et il disait que ce n’était pas sa faute, parce qu’il avait la foudre dans le cœur. Et un beau jour, c’est-à-dire un mauvais jour, j’ai failli être brisée comme ton pommier fleuri ; mais cela m’a corrigée de croire aux nuages et j’ai cessé d’en voir. Méfie-toi des nuages qui passent, Catherine, des nuages roses surtout ! Ils promettent le beau temps et portent en eux la tempête ! — Allons ! ajouta-t-elle, reprends ta quenouille et file un peu ou fais un somme, tu fileras mieux après. Il ne faut jamais se décourager. Les rêves s’envolent, le travail reste.

Catherine essaya de filer en causant avec sa tante ; mais ses yeux se fermèrent, et le fuseau s’échappa de ses doigts.



XIII


Elle fût tout d’un coup secouée comme par un tremblement de terre. Elle vit la tante Colette debout auprès d’elle, et pour la première fois en colère. Elle avait son capulet rouge rabattu sur les épaules, et ses cheveux blancs flottaient comme un nimbe au-