Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/225

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ma pauvre mère n’est pas morte. — Cette idée le fit pleurer, mais en se souvenant qu’il avait été comme mort lui-même sur le dos du tailleur, il espéra que sa mère en reviendrait aussi.

Il n’osait pas dormir au premier endroit venu, de peur d’être surpris par l’horrible patron qu’il supposait toujours lancé à sa recherche, et il ne se trouvait pas assez loin du chemin par où il eût pu revenir vers lui. Il descendit donc avec précaution, et vit que cela était plus difficile qu’il ne l’avait pensé. Le rebord de la dune n’était pas un mur où il pût se laisser glisser. C’était un terrain tout coupé, tout crevassé et tout hérissé, comme une châtaigne, de pointes mal solides qui cédaient sous la main quand on voulait s’y accrocher ; puis il rencontrait de grandes fentes cachées par l’herbe et les épines, et il craignait d’y tomber. Il ne put en éviter quelques-unes qui avaient de l’eau au fond, et qui par bonheur n’étaient pas profondes ; mais la nuit, la solitude et le danger de ce terrain perfide, si nouveau pour un habitant des plaines et si difficile pour un boiteux, lui causèrent une grande tristesse et peu à peu un grand effroi. Il renonça à descendre et voulut remonter. Ce fut pire. Si le dessus du terrain était séché par le soleil et un peu consolidé par l’herbe épaisse, le flanc de cette fausse roche était humide et glissant, le pied n’y pouvait trouver d’appui, de gros morceaux de marne épaisse se détachaient et laissaient crouler de gros cailloux qui étaient comme tombés du ciel de place en place. Épuisé de fatigue, l’enfant se crut perdu ; il ne sa-