Aller au contenu

Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais il ne paraissait point possible d’y aller. Qui sait pourtant s’il n’y avait pas quelque passage ? Son frère lui avait tant dit qu’il ne fallait pas dormir sur les Vaches-Noires qu’il avait promis de ne plus s’y risquer. Et puis le jour il redevenait un peu craintif et ne croyait plus beaucoup à ce qu’il avait vu la nuit. Il grimpa donc les endroits praticables de la dune et les trouva moins effrayants et moins difficiles qu’il ne l’avait pensé. Bientôt il en connut tous les endroits solides et comment on pouvait traverser sans danger les éboulements en suivant les parties où poussaient certaines plantes. Il connut aussi celles qui étaient trompeuses. Enfin il pénétra dans la grande dune et vit qu’elle était toute gazonnée dans certaines fentes et qu’il y pouvait marcher sans trop glisser et sans enfoncer beaucoup. Après avoir erré longtemps, très-longtemps, au hasard, dans ces éboulements plus ou moins solidifiés, il arriva sur une partie rocheuse et vit devant lui un enfoncement en forme de grotte, maçonnée en partie. Il y entra et trouva que c’était comme une petite maison qu’on aurait creusée là pour y demeurer. Il y avait un banc de pierre et un endroit noirci comme si on y eût allumé du feu ; mais il y avait bien longtemps qu’on n’y demeurait plus, car le beau gazon fin qui entourait l’entrée ne portait aucune trace de foulure ; même il y avait de grandes broussailles qui pendaient devant l’ouverture et que personne ne se donnait plus la peine de couper.

Clopinet s’empara de cet ermitage abandonné depuis bien des années à cause des éboulements du