Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/50

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Blanche saisit le bijou avec un mouvement nerveux, l’arracha presque des mains du peintre et sortit en courant, sans prendre le temps de remercier, tant elle craignait que son père ne lui ordonnât de refuser.

C’est peut-être ce qu’il eût fait s’il eût espéré d’être obéi ; mais, connaissant le caractère de l’enfant, il ne voulut point rendre ses hôtes témoins d’une scène fâcheuse. Il pria Flochardet d’excuser les manières brusques d’une petite sauvage et remercia à sa place.

Le dîner étant terminé, Flochardet, qui voulait voyager le reste de la journée, prit congé du marquis en l’invitant, s’il allait dans le Midi, à l’honorer de sa visite. Le marquis le remercia des moments agréables qu’il lui avait fait passer, et ils échangèrent une poignée de main. Blanche, mandée par lui, vint de mauvaise grâce donner un froid baiser à Diane. Elle avait au cou l’agrafe de turquoises et y tenait la main, comme si elle craignait qu’on ne la lui reprît. Diane ne put s’empêcher de la trouver bien sotte, mais elle lui pardonna en faveur du bon marquis, qui avait fait remplir les paniers de la voiture de ses meilleurs gâteaux et de ses plus beaux fruits.