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Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/59

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que ce n’est guère mieux que la figure de ta poupée, et que tous les détails de son habillement ou de ses bijoux ne font pas qu’elle vive. Tu ne tiens là qu’une tête sans corps et très-usée par le frottement. Elle vit pourtant, parce que celui qui l’a taillée dans ce petit morceau de marbre a eu la volonté et la science de la faire vivre : comprends-tu à présent ?

— Je crois que oui, un peu ; mais dites encore.

— Non, c’est assez pour aujourd’hui. Nous parlerons de cela une autre fois ; ne perds pas…

— Ma petite tête ? Oh ! il n’y a pas de danger. Je l’aime trop. Elle me vient de quelqu’un que je n’oublierai jamais.

— Qui donc ?

— La dame qui… la dame que… mais je ne peux pas vous dire cela, moi !

— Tu as des secrets ?

— Hé bien, oui. Je ne veux pas dire !

— À moi, ton vieux ami ?

— Vous vous moquerez de moi ?

— Je te jure que non.

— Mais vous direz que c’était la fièvre.

— Quand je le dirais ?

— Cela me ferait de la peine.

— Alors, je ne le dirai pas. Raconte.

Diane raconta toutes ses visions et tous ses enchantements au château de Pictordu, et le docteur l’écouta sans rire, sans avoir l’air de douter d’elle. Il l’aida même par ses questions à se bien rappeler et à se faire très-bien comprendre. C’était pour lui une étude intéressante des phénomènes de la fièvre dans