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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 2.djvu/191

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

vous le verrez ! souvenez-vous de ceci seulement : que nous marchons vite, bien vite, et qu’il n’y a pas de temps à perdre, pas un jour, pas une heure, pour dire au peuple ce qu’il faut lui dire.

Là gît le lièvre. Michel, qui est l’homme certainement le plus intelligent de ce parti du National, le Malgache et toi (qui, Dieu merci ! n’es du parti que faute d’en avoir trouvé un qui soit l’expression de ton cœur), vous voilà disant : « Faisons une révolution, nous verrons après. »

Nous, nous disons : « Faisons une révolution ; mais voyons tout de suite ce que nous aurons à voir après. »

Le National dit : « Ces gens sont fous, ils veulent des institutions. Eux ! des sectaires, des philosophes, des rêveurs ! leurs institutions n’auront pas le sens commun. »

Nous disons : « Ces gens sont aveugles, ils veulent agiter le peuple avec des institutions déjà vieillies, à peine modifiées, et nullement appropriées aux besoins et aux idées de ce peuple, qu’ils ne connaissent pas et qui les connaît aussi peu. »

Le National dit : « Voyons-les donc, leurs belles institutions ! Ah ! ils nous parlent philosophie ? que veulent-ils faire avec leur philosophie ? Jean-Jacques a tout dit ; Robespierre, tout essayé. Nous continuerons l’œuvre de Rousseau et de Robespierre. »

Nous disons : « Vous n’avez ni lu Rousseau, ni compris Robespierre, et cela parce que vous n’êtes pas philosophes, et que Robespierre et Rousseau étaient