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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

valeur et nous tenons sur la réserve pour ne pas ébranler une des forces de l’opposition, qui n’en a pas de reste ; mais ce n’est, à nos yeux comme aux yeux du peuple, qu’une force aveugle ; et, quand ceux qui font jouer cette machine, cette catapulte informe, s’imaginent être à la fois et le peuple et l’armée, nous les renvoyons à leurs éléphants et à leurs pièces de bois, comme de vrais machinistes qu’ils sont. Vous dites à cela : « Un journal qui paraît tous les jours, et qui est exposé à toute la rigueur des lois de septembre, ne peut pas, comme un ouvrage philosophique de longue haleine, soulever des discussions sur le fond des choses ; l’opposition de tous les instants, ne peut être qu’une guerre de fait à fait. »

À la bonne heure ; mais, si vous êtes des hommes capables, les futurs représentants de la France, comme vous le prétendez, pourquoi ne faites-vous pas faire cette opposition, nécessaire mais grossière, par vos domestiques ? Si vous ne vous fiez qu’à votre activité, à votre courage et à votre désintéressement (on vous accorde ces trois choses, et c’est beaucoup), eh bien ! faites, mais ne niez pas qu’on puisse faire une critique plus sérieuse, plus pénétrante, portant au cœur des choses que vous ne faites qu’effleurer. Ne niez pas qu’on doive discuter la doctrine politique et l’appuyer sur les bases qui sont indispensables à toute société, l’unité de croyance. Au lieu de railler et de rejeter les idées fondamentales, encouragez-les, apportez les vôtres, si vous en avez, comme vous le dites ; unissez-