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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

comme dit le grand Diderot, cette Minerve tout armée à l’entrée du cerveau.

Tout ceci est pour te dire que tu me fais écrire là une lettre bien inutile pour ton instruction, puisqu’en lisant plus attentivement, et plutôt deux fois qu’une, les excellents et admirables articles de Leroux dans notre Revue, tu aurais trouvé la réponse même aux pourquoi que tu m’adresses.

Ensuite, si tu étais descendu dans ta propre réflexion avec une complète naïveté, tu te serais trouvé beaucoup plus grand (capable que tu es de pénétrer dans les profondeurs de la vérité) que tu ne crois l’être en disant : « Je ne suis qu’un homme d’action. » Un homme d’action, c’est Jacques Cherami, qui porte une lettre et ne sait pas pour quoi ni pour qui ; ne te rapetisse pas. Tu as beaucoup rêvé, beaucoup senti ; tu m’as dit, durant ces derniers temps que j’ai passés là-bas, des choses trop remarquables comme grand sentiment de cœur et grande droiture d’esprit en politique, pour que je te croie un ouvrier de la vigne du seigneur Thomas, ce bon vigneron qui saurait si bien dire : Adieu paniers, vendanges sont faites !

Bonsoir, cher ami ; lis ma lettre à Fleury et à ta femme, si cela peut l’intéresser, mais à personne autre, je t’en prie ; je serais désolée qu’on me crût occupée à cabaler contre le National, parce que je fais une Revue qu’il ne veut pas annoncer. Dieu me garde de faire cette sale petite guerre du journalisme ! je n’ai pas un mot à répondre à tous ceux qui me demandent :