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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 2.djvu/315

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

plus beaux prés sont devenus de vastes marécages infects, et il y a beaucoup à craindre de graves maladies, et en grand nombre, avant qu’il soit peu. Nous sommes dans un endroit plus élevé et isolé des rivières ; ainsi n’ayez pas d’inquiétude pour nous. Ces exhalaisons ne nous arrivent pas.

Mais que de misérables vont avoir la mort de leurs proches à pleurer après la ruine de leurs subsistances de l’année ! Enfin, je m’effraye peut-être à tort, peut-être que la Providence ne se montrera pas irritée plus longtemps. Mais tout cela est bien triste, et on ne sait pas encore combien de noyés il faudra compter.

J’espère que vous êtes à Paris et que vous ne songez pas à aller à la campagne tant que dureront ces bouleversements de l’atmosphère. Si je n’aimais pas la campagne de passion, je me repentirais d’y être venue ; mais, quoi qu’il arrive, je ne peux pas m’empêcher de me sentir ici l’esprit et le corps plus libres et plus vivants. Quelque temps qu’il fasse, nous courons, nous montons à cheval ; Solange s’en trouve bien.

Écrivez-nous, bonne amie ; dites-nous que vous ne souffrez plus du tout et que vous prenez la vie le moins mal possible.

J’ai vu Leroux hier au soir. Il imprime l’Éclaireur ; il aurait voulu des avances plus considérables que celles qu’on a pu lui faire. Il se plaint un peu de tout le monde et ne veut pas comprendre que sa prétendue persévérance n’inspire de confiance à personne. Il dit