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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 2.djvu/318

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

se peindre lui-même dans son état de maçon ; mais il faudrait être encore plus simple, tout à fait simple.

» Le simple est ce qu’il y a de plus difficile au monde : c’est le dernier terme de l’expérience et le dernier effort du génie. N’est-il pas encore trop jeune pour donner ces touches fermes et nettes, qui paraissent si faciles, que chacun se dit : « J’en aurais fait autant, » et que personne cependant ne peut le faire qu’un grand artiste ? Le Postillon, le Forgeron, la Lavandière, le Maçon, le Colporteur, le Ciseleur, le Couvreur, la Chanteuse des rues, la Brodeuse, la Fleuriste, le Jardinier, le Fossoyeur, le Ménétrier du village, le Charpentier, etc., etc., etc., quelle foule inépuisable de types variés et qui tous pourraient être embellis ou plaints par le poète !

» Il faudrait faire aimer toutes ces figures, même celles dont le premier aspect repousse, et inspirer une pitié tendre pour ceux qu’on ne pourrait admirer comme des êtres utiles et courageux. Moi, je résumerais le tout dans une dernière chanson intitulée : la Chanson de la misère, et qui commencerait tout bonnement ainsi :

Je suis dame misère…

» Il faudrait, pour la plupart de ces chansons, renoncer à l’alexandrin et choisir un rythme court et facile à l’oreille. »

Voilà, mon cher enfant, les idées que j’avais jetées sur le papier, il y a quelque temps, étant malade et fa-