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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 2.djvu/40

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

donné à mes domestiques de vous recevoir, héberger, servir, aimer et honorer, sous peine de mort. Vous vous installerez dans la meilleure chambre possible. Puis vous vous promènerez, puis vous lirez, puis vous m’écrirez ; installez-vous à cet effet dans mon cabinet.

Puis vous préparerez la maison à nous recevoir ; car nous arriverons trois ou quatre, et je ne crois pas qu’il y ait une chambre potable pour mes hôtes. Je vais joindre ici une note de tous les travaux que je vous confie. Vous serez secondé par ma duègne, Rosalie, femme intelligente, active et revêche, qui aime à être employée aux grandes choses et qui vous adorera. Voilà !

Puis vous serez philosophe, puis vous mènerez la vie de l’ermite et du pèlerin, puis vous serez bien certain que j’enrage pour deux raisons : la première, parce que je vous fais attendre ; la seconde, parce que mon fils est malade. Je hais Paris, j’y meurs de spleen et je n’y resterai pas une heure de plus qu’il ne faudra. J’y suis d’une humeur massacrante, d’un caractère insupportable, toujours affairée, obsédée, pestant d’être détournée de mes amis par une foule de sots, ne faisant ni ce que je veux, ni ce que je dois, en grillant de secouer la boue de cette ville maudite.

S’il ne fait pas plus chaud dans la vallée Noire, du moins nous aurons de beaux brouillards et de superbes bruits de vent dans les arbres.

J’ai pleuré toute la nuit dernière dans ma chambre