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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 3.djvu/10

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

due en quelque sorte responsable de la conduite de mes amis, et il m’a donné plein pouvoir pour les encourager, les stimuler, et les rassurer contre toute intrigue de la part de leurs ennemis, contre toute faiblesse de la part du gouvernement. Agis donc avec vigueur, mon cher frère. Dans une situation comme celle où nous sommes, il ne faut pas seulement du dévouement et de la loyauté, il faut du fanatisme au besoin. Il faut s’élever au-dessus de soi-même, abjurer toute faiblesse, briser ses propres affections si elles contrarient la marche d’un pouvoir élu par le peuple et réellement, foncièrement révolutionnaire. Ne t’apitoie pas sur le sort de Michel : Michel est riche, il est ce qu’il a souhaité, ce qu’il a choisi d’être. Il nous a trahis, abandonnés, dans les mauvais jours. À présent, son orgueil, son esprit de domination se réveillent. Il faudra qu’il donne à la République des gages certains de son dévouement s’il veut qu’elle lui donne sa confiance. La députation est un honneur qu’il peut briguer et que son talent lui assure peut-être. C’est là qu’il montrera ce qu’il est, ce qu’il pense aujourd’hui. Il le montrera à la nation entière. Les nations sont généreuses et pardonnent à ceux qui reviennent de leurs erreurs.

Quant au devoir d’un gouvernement provisoire, il consiste à choisir des hommes sûrs pour lancer l’élection dans une voie républicaine et sincère. Que l’amitié fasse donc silence, et n’influence pas imprudemment l’opinion en faveur d’un homme qui est assez