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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 3.djvu/161

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

plus humble, meilleure enfin que les fictions. Il faut des fictions pourtant : l’humanité, la jeunesse surtout en est avide. Vous l’avez dit, vous les maudissiez pour leurs mensonges, et vous en aviez la tête si remplie, que vous ne pouviez regarder l’avenir qu’à travers leur prisme. Pourquoi faut-il qu’elles nous dégoûtent de vivre avant d’avoir vécu, et pourquoi faut-il que nous nous dégoûtions d’elles quand nous vivons tout de bon ? C’est une solution qui peut vous occuper encore une heure ou deux, et dont vous vous tirerez mieux que moi ; car vous êtes dans l’âge où l’on peut encore analyser et approfondir. Faites donc la suite et la fin de ces belles pages ; car vous nous laissez dans le doute ou dans l’attente d’une certitude, et je suis bien sûre qu’Angèle vous a fait trouver la vie plus douce et plus complète que Shakespeare, Byron et compagnie.

Sur ce, j’embrasse Angèle et je suis à vous de cœur.

GEORGE.


CCCII

À M. CHARLES PONCY, À TOULON


Nohant, juillet 1849.


Cher enfant,

Il y a longtemps que je veux vous écrire ; Mais,