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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 3.djvu/292

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

mais votre bienveillance m’y contraint, et il faut que je vous en remercie du fond du cœur. M. Émile Rogat est en liberté, MM. Dufraisse et Greppo sont à l’étranger, et les quatre malheureux soldats dont je me suis permis de vous envoyer la supplique sont graciés, j’en suis certaine, sans m’en informer. — Mais vous m’avez aussi accordé la commutation de peine de M. Luc Desages, gendre de M. Pierre Leroux, condamné à dix ans de déportation ; vous avez permis qu’il fût simplement exilé, et, avec votre autorisation, j’avais annoncé cette bonne nouvelle à sa famille.

Cet ordre de votre part n’a pas eu son exécution, ce doit être ma faute ! Je vous ai donné un renseignement inexact. Il a été condamné par la commission militaire de l’Allier, à Moulins, et non pas à Limoges comme j’avais eu l’honneur de vous le dire.

Prince, daignez réparer d’un mot ma déplorable maladresse, et l’erreur plus déplorable encore d’un jugement inique.

Ah ! prince, mettez donc bientôt le comble à mon dévouement pour votre personne, phrase de cour qui sous ma plume est une parole sérieuse. Votre politique, je ne peux l’aimer, elle m’épouvante trop pour vous et pour nous. Mais votre caractère personnel, je puis l’aimer, je le dois, je le dis à tous ceux que j’estime. Faites cette conversion plus étendue, dans les limites où vous avez opéré la mienne, cela vous est facile. Aucune âme de quelque prix ne transformera son idéal d’égalité en une religion de pouvoir absolu.