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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 3.djvu/311

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

socialistes, nous ne le sommes pas ; mais nous les plaignons et nous les respectons. » À Châteauroux, on a remis les chaînes. Les gendarmes qui ont reçu ces prisonniers à Paris ont été étonnés de ce traitement.

Le général Canrobert n’a vu personne. On le disait envoyé par vous pour reviser les sentences rendues par l’ire des préfets et la terreur des commissions mixtes, pour s’entretenir avec les victimes et se méfier des fureurs locales. Trois de vos ministres me l’avaient dit, à moi ; je le disais à tout le monde, heureuse d’avoir à vous justifier. Comment ces missi dominici, à l’exception d’un seul, ont-ils rempli leur mission ? Ils n’ont vu que les juges, ils n’ont consulté que les passions, et, pendant qu’une commission de recours en grâce était instituée et recevait les demandes et les réclamations, vos envoyés de paix, vos ministres de clémence et de justice aggravaient ou confirmaient les sentences que cette commission eût peut-être annulées.

Pensez à ce que je vous dis, prince, c’est la vérité. Pensez-y cinq minutes seulement ! Un témoignage de vérité, un cri de la conscience qui est en même temps le cri d’un cœur reconnaissant et ami, valent bien cinq minutes de l’attention d’un chef d’État.

Je vous demande la grâce de tous les déportés de l’Indre, je vous la demande à deux genoux, cela ne m’humilie pas. Dieu vous a donné le pouvoir absolu : eh bien, c’est Dieu que je prie, en même temps que