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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 3.djvu/348

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

repoussez, vous tracez une ligne entre deux camps que vous rendez irréconciliables à jamais, et vous n’avez pas une parole de blâme pour une certaine nuance que vous ne désignez pas et que je cherche en vain ; car je ne sache pas que, dans aucune, il y ait eu absence d’injustice, de personnalité, d’ambitions personnelles, d’appétits matérialistes, de haine, d’envie, de travers et de vices humains en un mot. Prétendriez-vous qu’il y en eût moins dans le parti qui s’appelle Ledru-Rollin que dans tout autre parti rallié autour d’un autre nom ? Ce n’est pas à moi qu’il faudrait dire cela sérieusement. Les hommes sont partout les mêmes. Un parti s’est-il mieux battu que l’autre dans ces derniers événements ? Je ne sais au nom de qui se sont levées les bandes du Midi et du Centre après le 2 décembre. On les a intitulées socialistes.

Si cela est, il ne faut pas dire que les socialistes ont refusé partout le combat. Mais que cela soit ou non, elles se sont démoralisées bien vite, et les paysans qui les composaient n’ont pas montré beaucoup de foi dans le malheur ; ce qui prouve que les paysans ne sont pas bons à insurger, et que, socialistes ou non, les chefs ont eu grand tort de compter sur cette campagne, source d’une défaite générale et sanction avidement invoquée pour les fureurs de la réaction.

Direz-vous que les socialistes, par leurs projets ou leurs rêves d’égalité, par leurs systèmes excessifs, ont alarmé non seulement la bourgeoisie, mais encore les populations ? Je vous dirai d’abord que, depuis deux ou