Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 3.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

lité des attaques contre les personnes ; c’est pour cela que je signe tout ce que j’y écris.

Lorsque j’ai consenti à cette collaboration, la lutte n’était pas dessinée ; en la voyant naître, j’ai vainement essayé de la tempérer. Mais l’événement du 15 mai est venu, et il y aurait eu lâcheté de ma part à me retirer. Voilà pourquoi je reste attachée à un journal qui vous traite collectivement de Roi, de Consul, de Directoire, etc., et qui vous reproche de rester au pouvoir quand Barbès est en prison. Cela me fait une position fausse et que je dois subir dans mon petit coin, comme beaucoup d’autres la subissent sur un plus grand théâtre. Je reste persuadée que vous ne devez pas abandonner le terrain à la réaction sans avoir essayé de la briser. Mais je ne puis pas dire cela dans ce journal. Ce serait inopportun et imprudent ; ce serait peut-être agir contrairement à la voie que vous avez résolu de suivre, quant aux moyens.

En fait de politique proprement dite, je suis on ne peut plus incapable, vous le savez. Mais je vous demande une chose, c’est de me faire signe quand vous consentirez à ce que je dise dans ce même journal, qui vous attaque, et où je garderai toujours le droit d’émettre mon avis sous ma responsabilité personnelle, ce que je sais et ce que je pense de votre caractère, de votre sentiment politique et de votre ligne révolutionnaire.

Si vous n’avez pas le temps d’y songer, je ne vous en voudrai point et je ne me croirai pas indispen-