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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 3.djvu/63

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND
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grande fibre populaire nous montrera clairement à tous le chemin qu’il faut prendre.

J’en connais d’autres que vous accusez et qui ont bonne intention pourtant. N’accusons donc pas, je vous en supplie, au nom de l’avenir de notre pauvre République, que nos soupçons et nos divisions déchirent dans sa fleur ! Ne varions pas pour cela sur les principes. Ne vous gênez pas pour dire aux hommes, même à ceux que vous aimez, qu’ils se trompent ; et ne perdez rien de votre vigueur de discussion sur les idées, sur les faits mêmes. Ce que je vous demande en grâce, c’est de ne pas condamner les intentions, les motifs, les caractères. Eussiez-vous raison, ce serait, je le répète, de la mauvaise politique, surtout dans la forme, comme en a fait la Réforme contre le National, du temps de l’autre.

Voilà le tas de lieux communs que j’aurais voulu vous dire de vive voix, avant toutes ces catastrophes, et ce que je disais quelquefois à Barbès. Mais on n’avait pas le temps de se voir, et c’était un mal. Il faut quelquefois entendre le lieu commun, il a souvent la vérité pour lui.

C’est cette absence de formes et de procédés, que j’appellerai, si vous voulez, le savoir-vivre intellectuel, qui me choque particulièrement dans l’affaire du 15. Le peuple a, par-dessus-tout, ce savoir-vivre d’aspiration qui rend ses mœurs publiques injurieuses aux nôtres dans le moment où nous vivons. Cela est bien prouvé depuis le 24 février. Nous l’avons vu,