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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 4.djvu/109

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Ce qui est plus étonnant que tout cela, et ce que la science ne peut pas nous expliquer, c’est le froid inouï de ce mois de juillet. Nous commençons à savoir les lois qui régissent les astres placés à des distances fabuleuses de notre pauvre petite planète. Mais nous ne savons rien des causes de perturbation de notre atmosphère, de ce milieu qui est encore la terre et au sein duquel nous nous agitons sans pouvoir soumettre nos travaux, notre locomotion, nos projets de tout genre à des prévisions tant soit peu certaines.

M. Babinet ne nous avait-il pas fait espérer un été brûlant ? Le ciel, notre petit ciel relatif, semble se rire de toutes nos grandes observations. Il serait bien temps que la science pût être illuminée de quelque soudaine découverte en ce genre, découverte dont les résultats immédiats auraient tant d’influence sur notre destinée. La fourmi, « que ne surprend jamais l’orage » ; la taupe, dont les villes souterraines bravent les intempéries de la surface ; le rat des champs, qui ne manque jamais de faire la provision d’hiver en temps utile ; les oiseaux émigrants, qui semblent doués d’un sens divinatoire, en sauraient-ils plus long que nous à mille égards ?

À vous dire le vrai, je ne crois pas beaucoup à la terreur des animaux, même durant une éclipse totale de soleil. Je les crois avertis par l’instinct du peu de durée du phénomène.