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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 4.djvu/160

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CDXXXIII

À MADEMOISELLE LEROYER DE CHANTEPIE,
À ANGERS


Nohant, 5 juin 1858.

Il n’y a pas, je crois, d’âme plus généreuse et plus pure que la vôtre, et elle ne serait pas sauvée ! Ce dogme catholique vous tue, et, si je vous dis qu’il faut en sortir, vous n’aurez peut-être plus ni amitié pour moi, ni confiance. Pourtant, c’est ma conviction, le dogme de l’enfer est une monstruosité, une imposture et une barbarie. Dieu, qui nous a tracé la loi du progrès et qui nous pousse malgré nous, nous défend aujourd’hui de croire à la damnation éternelle ; c’est une impiété que de douter de sa miséricorde infinie et de croire qu’il ne pardonne pas toujours, même aux plus grands coupables.

Je vous croyais autrefois heureuse par la foi catholique, et les croyances douces et tranquilles dans les belles âmes me paraissent si sacrées, que je vous disais : « Allez à tel prêtre, ou à tel philosophe chrétien, ou à tel ami qui vous semblera propre à vous rendre l’ancienne sérénité où vos nobles sentiments ont pris naissance et force. »

Mais voilà que le doute est entré en vous, et que la