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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 4.djvu/165

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CDXXXV

À M. CHARLES PONCY, À TOULON


Nohant, 19 juin 1858.

J’ai reçu le Frère et la Sœur[1], et cela m’a rappelé une grosse rancune que j’ai eue et qui me revient contre les directeurs de l’Odéon[2] ; des amis pourtant, et de braves amis à tout autre égard, mais qui, après m’avoir positivement promis dix fois de faire jouer cette pièce, n’ont jamais su pouvoir, tandis qu’ils se laissaient imposer, par toute sorte de considérations de position et de camaraderie, une foule d’œuvres infiniment moins bonnes. Et leur direction a fini sans qu’ils aient trouvé place pour cette chose si courte et si facile à monter ! Ils sont à l’Opéra maintenant.

Enfin, voilà votre œuvre imprimée ! Merci de la dédicace, mon cher enfant. Je trouve la pièce très améliorée, et, en ne me plaçant plus au point de vue de la représentation, je retire ma critique et j’en trouve la lecture très attrayante. Vos personnages causaient avec un peu trop de recherche pour la scène. Dans un livre, c’est autre chose : on parle comme on veut parler, et c’est cette grande liberté du livre, ce grand esclavage

  1. Pièce de Charles Poncy.
  2. Alphonse Royer et Gustave Waëz.