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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 4.djvu/240

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

chrétien, on est trempé comme une éponge. Et puis ça ne s’arrête pas ; il n’est pas question, comme chez nous, de laisser passer le nuage. Le nuage ne passe pas, ou plutôt il passe toujours, et douze heures d’affilée ne l’épuisent pas.

Donc, nous nous sommes rabattus sur le plus proche voisinage de nos amis, d’autant plus que le pays est beaucoup plus beau que tout ce qu’on va chercher ailleurs. Ça ne nous empêchera pas d’aller visiter toute la côte, par conséquent Hyères, quand il fera beau et qu’on pourra tenir la mer. Nous nous réclamerons alors de ta protection pour voir Saint-Pierre et ses beautés. Pour le moment, les navires que nous voyons passer en pleine mer font si triste figure, que nous n’avons guère envie de nous y fourrer ; car, avec ce déluge, il y a un vent d’est à décorner les bœufs. Aujourd’hui, le vent couvrait si bien le bruit du tonnerre, qu’on ne pouvait pas les distinguer l’un de l’autre. — Ce soir, clair de lune et tempête. La mer est en argent, mais pas riante, comme de l’argent dans la poche d’un pauvre diable.

Voilà notre bulletin, aussi complet que possible. Il nous faut le tien et celui de la famille. Êtes-vous de retour au Coudray ? Quel temps y fait-il ? Es-tu sorti de tes ennuis de procédure à Nevers ? Le moutard est-il toujours beau et brave homme ? Et Berthe ? et tout le monde ? Embrasse-les tous pour moi et présente-leur mes amitiés. À toi de cœur, mon cher vieux.

G. SAND.