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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CDLXXVII

À MAURICE SAND, À ALGER


Tamaris, 15 mai 1861.


Cher enfant,

J’ai reçu, ce matin, ta lettre de Marseille, et, ce soir, une lettre d’Oscar, que je t’envoie. J’espère que tu auras eu un bon départ et une bonne sortie des côtes ; mais, en pleine mer, tu as dû trouver une forte houle. La tempête a dû laisser encore là de l’agitation. Ici, temps magnifique ; hier et aujourd’hui, chaleur complète, quelques nuées d’orage, quelques ondées, et pas un souffle de vent, pas même au bord du golfe de la Seyne, cet endroit maudit qui nous a tant fait éternuer et moucher. Calme plat à présent, la mer unie comme du satin aussi loin que la vue peut s’étendre. C’est égal, je voudrais bien te savoir arrivé sans ennui, sans retard, sans fatigue et par un beau soleil pour poétiser ta première impression de cette terre nouvelle.

Nous, nous avons été hier voir le Ragas. C’est à deux pas du dernier moulin de la vallée de Dardenne ; nous en étions à un quart de lieue quand tu as dessiné le petit pont double à guirlandes de lierre. Mais quel quart de lieue ! Jamais tu n’aurais cru que ta pauvre