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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 4.djvu/269

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CDLXXXII

À MADAME PAULINE VILLOT, À PARIS


Nohant, 11 juin 1861.


Chère cousine,

Je suis à Nohant, bien contente de retrouver ma vieille maison tranquille, et d’avoir vu, en courant, une partie de la Savoie, un des plus beaux pays que je sache. Vous me donnez de grands regrets de n’avoir pas attendu notre ami, mais je ne pouvais plus retarder mon départ. Je vous envoie une lettre pour lui, puisque vous avez la bonté de vous en charger et que vous savez où le prendre.

J’aurais bien voulu l’entendre dire les belles choses qui vous ont charmée ; car j’aime à écouter, et, avec lui, on a tout profit. Son succès parlementaire a étonné bien des gens qui se faisaient de lui une fausse idée ; mais ce n’est ni vous, ni moi, ni aucun de ceux qui l’ont entendu causer, qui ont pu être surpris de la force de son raisonnement et du charme de sa parole. Il y a en lui de grandes facultés, de grandes qualités et de grandes séductions. Pourquoi une entrave inconnue, venant d’ailleurs, ou de quelques accès de secret découragement, rend-elle si rare pour lui l’occasion de frapper de grands coups ? Je ne sais quelle