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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 4.djvu/355

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

conscience, de notre raison ou de notre idéalisme. Mais n’appelons plus cela une religion ; car ce n’en a jamais été une. Ce n’a même pas été une philosophie ; c’est un idéal romanesque pour les uns, une grossière superstition pour les autres. La part de la raison ne s’y trouve pas, et la pratique en est aussi élastique, aussi vague que le texte. Ce qui est quelque chose de réel et de fort, c’est le catholicisme. Mais, comme c’est quelque chose d’odieux, je n’en veux pas davantage.

Point d’insulte à Jésus. Il a pu être, et il a dû être grand et bon. Mais cela ne suffit pas à des esprits sérieux pour chercher là toute la lumière et toute la vérité.

La vérité n’a jamais appartenu en propre à un homme, et aucun Dieu n’a daigné nous la formuler. Elle est en nous tous, en quelques-uns plus que dans la masse ; mais tous peuvent chercher et trouver la somme de sagesse, de vérité et de vertu qui est l’expression du temps où il vit. L’homme veut tout définir, tout classer, tout nommer ; voilà pourquoi il lui plaît d’avoir des messies et des évangiles, mais ces personnifications et ces dogmes lui ont toujours fait pour le moins autant de mal que de bien.

Il serait temps d’avoir des lumières qui ne fussent pas des torches d’incendie.