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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/319

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DCXCIX

À M. EDMOND PLAUCHUT, À PARIS


Nohant, 11 juin 1869.


Comment vas-tu, mon Plauchemar ? Ta petite personne délicate et frêle est-elle restaurée ? Trempes-tu encore des biscuits dans du madère avant la soupe, pour te mettre en appétit ?

Pour moi, je vas comme les vieux chevaux qui travaillent jusqu’à la dernière minute avant l’abattoir. J’ai fait le voyage seule dans mon coupé, et n’en suis descendue qu’à Châteauroux. Comme cette route que je connais trop m’ennuie beaucoup, j’ai fermé tous les stores, j’ai dormi jusqu’à Orléans ; puis j’ai lu tout un volume de Tourguenef, jusqu’à Nohant. Lina m’attendait à Vic, avec les deux fillettes. Toutes trois vont bien et Lolo continue à être une merveille. Elle ne veut plus me quitter, et, du jardin, elle me crie : « Es-tu chez toi, bonne mère ? Tu vas pas t’en aller encore ? »

La poupée a eu le plus grand succès ; mais les pelles et les brouettes l’emportent sur tout, et les bananes enfoncent tout autre mets. Maurice, Lina et moi, nous en avons aussi la passion, et je te réponds qu’on les fête : elles sont délicieuses ! on te remercie, et Lolo