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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/140

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encore la chance de n’en avoir perdu aucun. Quant à nos bibelots, les tiens et les miens, ils sont assurés par la Providence. Quoique tu en dises, ils y auraient passé, si la lutte se fût prolongée ; car je sais des gens qui ont tout perdu, non seulement par le feu, mais aussi par le vol et le pillage. On commençait par les riches. Les gueux comme nous seraient venus en dernier. Ne défendons pas cette horde infâme. Nous ferions comme les prêtres qui ne conviennent jamais des turpitudes de leur Église. On doit reconnaître les vrais amis du progrès à leur indignation contre les novateurs infâmes.

J’espère que tu ne vas pas respirer longtemps l’odeur des cadavres et que tu vas venir pour ma fête. Ma fête sans toi n’est plus une fête, si fête il y a maintenant dans la vie ! Compter ses années au milieu de pareils désastres n’est pas gai ; mais sentir près de soi ceux qu’on aime le mieux est la seule consolation d’avoir vécu jusqu’à ces affreux jours. Je t’embrasse de toute mon âme. Tout mon monde t’aime et t’attend. Écris-nous et viens écrire ici la fin de ton ouvrage.

Je te défends de m’apporter un cadeau, ce serait mal cette année.