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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/157

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Si M. Thiers, malgré tout ce qui lui manque, malgré notre ancienne antipathie, malgré les erreurs de son esprit sur de graves questions, sait nous persuader d’essayer la vie pratique, je désire qu’on l’écoute, sauf à le juger s’il s’égare. Il n’est qu’un homme, il n’est pas un souverain, nous ne sommes pas forcés de nous égarer avec lui. Il n’a pas de prestige, pas de cour, pas de créatures puissantes ; on peut le combattre, on peut l’abandonner. Désirons qu’il dure assez pour nous apprendre à discuter sans faire de révolutions. C’est le talent qu’il montre, c’est le système qu’il nous indique et semble vouloir suivre. Veut-il, comme on le dit, comme vous le croyez, nous conduire sans secousse à une restauration orléaniste ? Supposons-le ! chaque pas qu’il fait en ce sens doit lui apprendre et lui faire sentir que la terre manquerait sous ses pieds s’il manquait à sa parole, et qu’il aurait malgré lui, une secousse violente, un véritable terremoto[1], qui l’emporterait, lui et ses princes.

Hélas ! les princes ! ces aspirants aveugles, qui ont la simplicité de se croire de nature divine, bons à tout, capables de tout, ni plus ni moins que M. Gambetta, et qui sont là, de tous côtés, en France, attendant qu’on les appelle à faire notre bonheur, assez fats, assez niais pour s’en croire et s’en proclamer capables ! Ils me font l’effet de ces pauvres aspirants comédiens que j’ai vus cent fois se présenter dans les

  1. Tremblement de terre.