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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/164

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de l’autorité. Voilà qu’on parle de la retraite de Jules Simon. Je veillerai à bien disposer son successeur, si je le connais tant soit peu.

Je vous embrasse ; donnez-moi des nouvelles de votre expédition. Je suis de cœur avec vous. Si vous n’êtes pas trop loin quand vous jouerez le proverbe, j’irai vous trouver, passer un jour avec vous ; mais il faudra que vous me garantissiez l’incognito. La curiosité des provinciaux est insupportable.

G. SAND.


DCCCXXIV

À GUSTAVE FLAUBERT, À CROISSET


Nohant, août 1871.


Tu as envie et besoin de me voir et tu ne viens pas ! ce n’est pas bien ; car moi aussi, et nous tous ici, nous soupirons après toi. Nous nous sommes quittés si gais, il y a dix-huit mois, et tant de choses atroces ont passé entre nous ! Se revoir serait la consolation due. Moi, je ne peux pas bouger ; je n’ai pas le sou, et il faut que je travaille comme un nègre. Et puis je n’ai pas vu un seul Prussien, et je voudrais garder mes yeux vierges de cette souillure. Ah ! mon ami, quelles années nous passons là ! C’est à n’en pas revenir, car l’espérance s’en va avec le reste.