Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/286

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La mort prématurée du pauvre Berton me rend bien triste. Quoi ! si vite, et sans remède ! Je vois l’Odéon bien dégarni avec l’entrée de Pierre[1] aux Français, et c’est un théâtre qui a besoin d’une si bonne troupe pour lutter ! Vous n’y avez pas eu le succès sur lequel le passé devait vous faire compter. Il y a donc de la faute du local ou de l’exécution ?

Vous ai-je dit que d’Ennery m’avait fait demander par Solange si je voulais qu’il fît une pièce avec l’Homme de neige ? J’ai répondu oui ; mais je ne crois pas que ce soit autre chose qu’une velléité passagère.

Nous avons vu, à la mi-carême, notre aimable et cher général[2] qui nous a demandé de vos nouvelles. Nous l’avons entraîné à faire des folies, danses et déguisements.

Mais voilà un chagrin d’intérieur qui nous arrive. Notre petit Edme s’en va, employé à la banque de Lyon. Il faut se réjouir parce que c’est une carrière et un bon poste d’avancement ; mais on se quitte le cœur gros. C’était mon enfant gâté. Vous voyez que Nohant, ce nid suspendu aux palmiers du désert, ce navire en panne au delà des mers explorées, a aussi ses peines et ses événements.

Amitiés et tendresses de nous tous.

  1. Le fils de Berton.
  2. Le général Ferripisani.